James Braid

Chirurgien écossais, James Braid est le premier expérimentateur médical de l’hypnotisme, terme qui fut d’abord employé par lui et qu’il accrédita. Né à Rylaw House, dans le Fifeshire, où son père était propriétaire terrien, il fait ses études à l’université d’Édimbourg et devient médecin à Leith, puis chirurgien dans le Lanarkshire en milieu minier. Sur le conseil d’un patient devenu son ami, il s’installe à Manchester, où il acquiert rapidement une popularité importante, spécialement en orthopédie.

En 1841, il assiste à une séance de magnétisme animal, effectuée par un disciple itinérant de Franz Anton Mesmer, La Fontaine. Sceptique à propos de ce phénomène, il se livre à ses propres investigations. Il en arrive à la conclusion que, si l’imagination joue un rôle dans le domaine du « sommeil critique », il n’en reste pas moins que celui-ci constitue un état particulier, différent du sommeil. Il met alors au point une méthode destinée à produire cet état : il suffit au sujet de fixer une surface brillante et de se maintenir dans cette attitude de concentration. Braid prouve ainsi que c’est le sujet lui-même qui se place en sommeil critique et qu’il n’existe aucune influence magnétique passant de l’opérateur au sujet, qu’il n’existe pas de fluide universel. Il nomme sa pratique « neuro-hypnotisme », puis « hypnotisme », mot dont l’emploi se généralisera par la suite.

En réalité, le terme avait déjà été utilisé par le baron Etienne Félix d’Henin de Cuvillers en 1819. Dans son livre, Braid essaya de se différencier des travaux des magnétiseurs « imaginationnistes » tels qu’Alexandre Bertrand. Il remplaça leur méthode d’induction visuelle par fixation de l’attention sur la main tendue du magnétiseur, par la fixation de l’attention sur un objet brillant.

Après une rapide réponse à un sermon sur le mesmérisme publiée en 1842, Braid fait paraître, en 1843, son ouvrage fondamental, La Neurhypnologie ou explication rationnelle du sommeil nerveux dans sa relation au magnétisme animal (Neurhypnology or the Rationale of Nervous Sleep, Considered in Relation with Animal Magnetism). Il y affirme que le phénomène hypnotique est uniquement induit par une impression produite sur les centres nerveux. Il espère, en produisant ce phénomène, obtenir des guérisons de désordres fonctionnels généralement incurables. De fait, il arrive à des résultats spectaculaires.

Il utilisa cette méthode, notamment pour obtenir l’anesthésie lors d’interventions chirurgicales. Il observa que tous les sujets n’avaient pas la même sensibilité et que les états provoqués vont de la simple rêverie, jusqu’au sommeil profond avec absence totale de connaissance et de volonté. À ceux qui lui objectaient que l’hypnotisme était immoral, Braid déclarait que : « l’état hypnotique ne peut se déterminer ni se produire dans aucune de ses périodes, sans le consentement de la personne opérée. » Nous retrouvons ces mêmes arguments aujourd’hui afin d’obtenir le consentement à se faire hypnotiser. Pourtant Bertrand, grand magnétiseur, avouait déjà en 1826 qu’il magnétisait quelquefois sans le vouloir ! Il y a d’ailleurs de nombreux cas de gens hypnotisés malgré eux.

Une lutte opposa bientôt les partisans du magnétisme animal (explication physiologique) aux animistes, convaincus de l’importance des aspects psychologiques. Il énonça une théorie neurophysiologique, selon laquelle l’hypnose est induite par la fixation visuelle. À noter que plus tard, il admit aussi l’importance de la suggestion verbale.