Ambroise-Auguste Liébeault

Médecin français, Auguste Ambroise Liébeault s’est occupé toute sa vie de l’hypnose expérimentale. Né à Favières, (en Lorraine), dans une famille paysanne, et destiné à la prêtrise par ses parents, il quitte le séminaire à l’âge de vingt et un ans pour entreprendre des études médicales à Strasbourg. Il s’intéresse, dès cette époque, au « magnétisme animal », mais ses maîtres le dissuadent de persévérer dans cette voie.

Après sa thèse de doctorat (1850), il s’installe comme médecin de campagne à Pont-Saint-Vincent, près de Nancy.

Son intérêt pour la suggestion hypnotique renaît à la lecture d’une communication présentée, à propos des travaux de James Braid, par Velpeau le 27 janvier 1860 à l’Académie des sciences.

Établi à Nancy, il entreprend des thérapeutiques par hypnose. Ses confrères le raillent ; sa clientèle aisée le quitte ; il consacrera dès lors sa vie à soigner gratuitement la population prolétarienne de Nancy.

Liébeault, qui se définit à cette époque comme un « guérisseur », commence à écrire, en 1864, son ouvrage fondamental « Du sommeil et des états analogues », première tentative sérieuse en France pour étudier les phénomènes d’hypnotisme, expérimentalement et sans a priori négatif.

Le livre paraît en 1866 et ne trouve qu’un seul acheteur. La Société médico-psychologique, en 1867, rejette dédaigneusement les théories de l’auteur. Pendant vingt-cinq ans, Liébeault reste seul, ignoré de ses confrères, continuant néanmoins à travailler, entouré uniquement de l’estime et de l’admiration de ses patients. C’est en 1882 que Bernheim lui rend visite ; il se dépare de son incrédulité en assistant à ses expériences et en vient à se passionner pour le phénomène. Dès lors, le nombre des adeptes de Liébeault ne cesse de croître. Avec Beaunis, Liégeois, et autour de Bernheim, se forme ainsi l’école de Nancy.

Liébeault participe activement à l’étude systématique, clinique et expérimentale, de la suggestion et de l’hypnose, étude qui se développe alors en opposition avec l’école de la Salpêtrière dirigée par Jean Martin Charcot ; il insiste sur le rôle de la suggestion verbale plus que sur l’état hypnotique, auquel tient le groupe parisien.

En 1889, Freud rend visite à Liébeault. Le riche matériel expérimental qui lui est présenté par celui-ci devait le mettre sur la voie de ses recherches ultérieures sur le conflit, la névrose et l’inconscient.

Philosophe par tempérament, bienfaiteur par vocation, Liébeault a pressenti la valeur des moyens psychologiques dans la thérapeutique des maladies qui sont aujourd’hui dénommées psychosomatiques.