Johannes Heinrich Schultz

Johannes Heinrich Schultz, né le 20 juin 1884 à Göttingen, est un psychiatre allemand, inventeur du training autogène.

L’Homme…

De 1902 à 1909, Johannes Schultz suit des études de médecine à Lausanne, Breslau et Göttingen. Il obtient son doctorat en médecine à Göttingen en 1907. Dans les années 1910, il étudie l’hypnose, s’intéressant notamment aux travaux de Korbinian Brodmann et Oskar Vogt. En 1911, il rencontre Sigmund Freud. En 1913, il rentre à la clinique de Iéna dirigée par Otto Binswanger.

Pendant la première guerre mondiale, il est médecin militaire en Prusse Orientale et rencontre Karl Abraham. Habilité comme psychiatre en 1919, il dirige un sanatorium psychothérapeutique à Dresde de 1920 à 1923.

En 1924, Schultz s’installe comme neurologue et psychothérapeute à Berlin.

En 1932, il publie son livre le plus connu, Thérapie Autogène, dans lequel il publie sa méthode d’entraînement autogène, largement inspirée des techniques d’autohypnose d’Oskar Vogt.

De 1936 à 1945, il travaille notamment comme sous-directeur au sein de l’Institut Göring, aussi appelé Institut allemand de recherche en psychologie et de psychothérapie. Il s’engage activement pour l’extermination des handicapés mentaux (Aktion T4). Dans l’Institut, il se consacre aussi spécialement au sort des homosexuels hommes. Schultz faisait une distinction entre une homosexualité héréditaire et une homosexualité curable. Au sein de l’Institut, il offrait d’une part des traitements pour les « guérir », et d’autre part, il dirigeait une commission contraignant les « suspects » à des actes sexuels avec des prostitués, dans le but de déterminer s’ils étaient bien homosexuels. Les « coupables » étaient transférés en camp de concentration.

En 1935, il publia son essai, “Conséquences psychologiques de la stérilisation et de la castration chez les hommes“ dans lequel il préconisait l’obligation de la stérilisation des hommes selon la “loi allemande sur la stérilisation forcée“. Cette loi a servi de base à Schultz pour définir le but de la “nouvelle psychothérapie allemande.

En 1940 Schultz publia sa méthode diagnostique : Vorschlag eines Diagnosen-Schemas il exprime son accord avec la loi allemande sur la stérilisation forcée. Il préconisait l’exécution des patients souffrant de troubles mentaux : « … en rappelant l’anéantissement des vies dénuées de valeur“ et en espérant que les asiles d’aliénés seront bientôt vides et réaménagés selon ce principe ».

En 1940 Schultz publia un autre essai, “Biologie génétique et anthropologie raciale” dans lequel « il évoque l’image démoniaque des homosexuels comme une “clique“, comme un “État dans l’État“. Les homosexuels y sont qualifiés de “personnages louches corrompant la morale de la jeunesse“  ; ils sont considérés comme des personnes “nuisibles pour la communauté en raison de leur incapacité à procréer“.

En 1952, Schultz traite « de “l’infériorité héréditaire” et considère les déficients mentaux comme un fardeau pour la société. » (…) Il écrit que les “pervers” étaient “enclins à soutenir des idées et des actes révolutionnaires. (…) En conséquence, il était convaincu, que pour préserver la santé, une « vraie protection des « personnes immatures et semi-matures » s’imposait en urgence contre la séduction homosexuelle. »

Le Training Autogène de Schultz

Pour Schultz, l’entraînement autogène (ou « méthode de relaxation par auto-décontraction concentrative ») doit être compris comme un entraînement à l’autohypnose, qui permet une réduction des tensions et du stress. Il présente un intérêt dans les maladies psychosomatiques, la psychothérapie, mais aussi la médecine du sport et la gestion du stress en permettant relaxation et détente.

Cette méthode se décompose en cinq phases : pesanteur, chaleur, organique, cœur, et respiration. Chacune de ces phases doit être parfaitement acquise avant de passer à la suivante. Par exemple, pour la première semaine d’exercices quotidiens, l’entraînement est basé sur la sensation de lourdeur ; la semaine suivante sur la sensation de chaleur et ainsi de suite. Pour pratiquer cette méthode, on prend la position allongée, les bras le long du corps, mains à plat, jambes rapprochées, les pieds légèrement tournés vers l’extérieur.

Voici les suggestions habituellement faites par les praticiens, dans le cadre des séances :

1) En partant de la tête jusqu’aux pieds, visualisez mentalement tous vos muscles en train de se détendre, visualisez l’impression de lourdeur, de pesanteur de la partie du corps sur laquelle vous vous concentrez.

2) Toujours de la tête vers les pieds, visualisez mentalement une impression de chaleur douce et agréable, liée à l’augmentation de la circulation sanguine vasculaire dans la partie en cours.

3) Concentrez-vous cette fois sur vos organes internes, estomac, intestins etc., en essayant d’étendre la sensation de chaleur, de détente à ceux-ci.

4) Toujours par la visualisation, prenez conscience de votre rythme cardiaque, sans chercher à ce que votre cœur ne batte plus lentement que d’habitude.

5) Ensuite, concentrez-vous sur votre respiration jusqu’à atteindre une respiration ample et lente.

6) Selon la méthode originelle du docteur Schultz, il existe une dernière étape qui consiste à refroidir le front et la tête. Cette étape doit être abordée avec prudence car elle peut provoquer des migraines.

Normalement, à ce stade, le niveau de relaxation peut être suffisamment important pour entamer une séance de méditation ou d’autohypnose.

Il est possible que lors des premières séances, les patients peinent à atteindre l’état de relaxation désiré. Il faut alors continuer l’entrainement.

Aujourd’hui, l’entraînement autogène est une technique qui reste largement utilisée par les psychiatres, les psychologues, mais aussi par d’autres professionnels de la santé et notamment les psychomotriciens et les kinésithérapeutes, dans un but d’aide au contrôle de l’anxiété et du stress et des manifestations qu’ils engendrent.